Je tiens immédiatement à rassurer nos lecteurs, nous ne pratiquons pas l’échangisme.

Par ce titre racoleur, je souhaite aborder la vie commune avec l'agoraphobie qui s’immisce dans un couple là ou l'on s’en passerait bien.

C’est à la lecture de nombreux blogs d’agoraphobes et en grande majorité féminine que je me rends compte de la difficulté du conjoint d’accepter les situations générées par cette pathologie.

Je ne souhaitais m’intégrer sur ce site que par ma préface, mais je me rends compte que cette situation se vit également à deux et pas toujours simplement.

Alors sans faire travailler ma mémoire sur ces 5 années, je vais vous livrer au fil des situations mon ressenti.

Et tout comme sur la page de Carmen, si vous passez pour la première fois, je vous laisse dérouler.

Pour les accros voici le dernier article posté.

Pour commencer, je vais vous parler de cette semaine. Je rentre jeudi 13 mars après 10 jours de déplacement et je retrouve Carmen avec un plaisir extra comme à chaque retour. Je m’aperçois très vite que je viens à nouveau de passer ce que j’appelle son sas de décompression. Et oui, quelques jours loin de l’autre et la maladie reprend son dessus, je redeviens un étranger, un envahisseur, un mangeur d’air. Cette situation décroit d’années en années, mais persiste si mon absence se fait trop longue. Dur à vivre, mais c’est également un bon moyen pour que notre couple ne connaisse pas la routine. Je dois à nouveau séduire cette belle qui s’échappe pour ne pas être étouffée par l’autre. Une nouvelle fois la tendresse reprend le dessus jusqu’au prochain déplacement…

 

Dimanche 16 mars, je crève d’envie d’aller voir Bienvenue chez les cht’is. Une nouvelle fois, cette maladie règle notre week-end et bien je regarderai autre chose à la TV. Bien essayé, perdu pour cette fois ci…

Mercredi 19 mars, je suis en arrêt maladie depuis lundi, je ne me souvenais plus à quoi cela ressemblait. Aucun arrêt depuis plus de 4 ans, mais cette fois cela me permet de suivre de prés Carmen. Elle doit aller chez son généraliste pour renouveler ses cachets depuis une dizaine de jours et je ne vois rien venir. Après lui avoir rappelé quotidiennemnt, je hausse le ton aujourd'hui puisque son médecin ne travaille pas le jeudi, cela repoussera jusqu'à mardi avec le week-end de Pâques. Le ton monte et je quitte la pièce persuadé d'avoir "pissé dans un violon une fois de plus". 5 minutes plus tard je la vois passer, la tête basse pour s'habiller, la colère lui fait passer sa peur. Je sais que j'ai gagné mais je ne dois pas rire au risque qu'elle ne change d'avis. La porte se referme, cette fois j'ai gagné.. D'autant plus belle victoire que je sais que son médecin la prendra tout de suite. Que cette visite durera à peine 1/2 heure, il reçoit juste dans l'immeuble à coté de chez elle et qu'elle va rentrer en pleine forme fière d'y être arrivée d'elle même. Mon oeil....

 Voila on y est week-end de Pâques et surtout La Grande Messe de ce samedi 22 mars. Le pacs de David et Sébastien, un chemin de croix de 30km en pleine campagne sans hôpital ou l'on s'éloigne de la bulle pour finir avec plein de gens dont la plupart uniquement recensés par les anecdotes au fil des dialogues avec son fils. Mais revenons à nos cochons, oui nous dinons à la Porcherie et au menu cochon de lait. Cette journée commence déjà par une nuit quasiment blanche, un  retour en force des plaques au visage et les questions qui fusent tout au long de la journée. Miroir suis je belle pour ce soir ? Essayages multiples des diverses tenues les plus sympas les unes que les autres, mais tous les détails comptent et oui ce soir il y a du monde et qui plus est la première confrontation avec la copine du père des enfants. Moment tellement repoussé de part et d’autre, mais obligatoire pour cet événement. En bref, la totale…Un trajet ou Carmen s’abreuve de paroles, de questions encore et encore, une tension qui monte au fil des kilomètres. Mais soulagement nous sommes les premiers ce sera aux autres de venir, c’est toujours ça de gagné !Les invités arrivent, je sens une main se glisser dans la mienne pour rechercher la sécurité. Je souris et d’un regard lui fais comprendre que tout va bien aller. Et tout c’est très bien passé, je l’ai vue se détendre au fil du temps, boire quelques verres contrairement à ce qu’elle envisageait. Et au final, une belle femme épanouie, heureuse pour son fils et Sébastien, heureuse de voir ses enfants avec leur père, heureuse de le voir également, détendue au contact de son amie. Une belle soirée, je dirais même Presque Normale…Retour impeccable malgré la nuit, mais premier retour de bâton elle n’a pu s’endormir que vers 6h00 en étant rentrée à 3h30. Comme tout bon repas il faut bien apprendre à digérer les bonnes soirées. Et comme elle le dit si bien, une bonne chose de faite….

Dimanche 23 mars, réveil difficile, je n’ai même pas eu mon petit déj dominical au lit, normal la nuit a été courte. Pas tant que ça, je la vois foncer dans les travaux en cours, décollage de papier peint, ménage de fond en comble. Aie, la soirée a laissé des traces immédiates, le malaise est là, sournois qui lui coupe les jambes en plein travail, un visage blême et elle me rejoint au cas où. Je la surveille du coin de l’œil et me rends compte qu’elle le gère très bien. Ouf, ca sera pour une autre fois et tant mieux. Synthèse du week-end : Une nouvelle victoire et certainement une des plus belles. Bravo ma puce, tu tiens le bon bout…mais c’est la dernière fois que je dis rien pour mon p’tit déj du dimanche…..

Mercredi 26 mars, j’ai repris la route hier et bingo ! Carmen n’arrive déjà plus à dormir sereine. Une nuit, une seule et la peur reprend le dessus, l’attente du jour pour ne pas être prise au dépourvu la nuit. Une angoisse permanente dès que je reprends le travail et la laisse seule, cette nuit elle n’a pu se coucher avant 4h30 et moi qui dormait comme un loir. Mais malgré ça le temps joue pour elle, pour avoir connu des nuits au téléphone à chaque crise d’angoisse, et je ne peux rien gérer à distance. Mais une chance je ne découche que 2 jours cette semaine. Il ne reste que cette nuit à tenir demain sera une nuit paisible…

Mercredi 2 avril, l’appartement prend des couleurs à l’image du moral de ma petite femme, du beau fixe sur toute la ligne. Ce qui lui permet de souffler, d’être occupée toute la journée et de ne pas se poser de questions. C’est également un moyen de ne pas trop passer de temps sur ce site. Je me rends compte qu’il est très difficile pour elle de savoir qu’elle est lue par tout le monde, les autres quoi, ces gens qu’elle ne connait pas, qui peuvent l’entourer et la deviner. Un malaise, un mal être indéfinissable pour tout un chacun. En l’occurrence, je ne me préoccupe pas de ce que les gens peuvent penser de moi et bon nombre d’entre nous pensent la même chose. Mais pas elle et je peux le comprendre. N’hésitez pas à signer le livre d’or, des témoignages lui permettront peut être d’avancer plus vite….

Pour ce dimanche 6 avril, soirée Couscous ; je propose un petit diner en amoureux pour effacer cette belle journée pluvieuse et l’idée du restaurant le plus proche de la maison est suggérée. Aussitôt dit, aussitôt accepté par ma chérie qui me dit c’est super j’en ai vraiment envie vas donc le chercher ! Mais bien sur, c’est vrai que j’avais oublié il vend à emporter. Aie la tuile, commence alors un travail de sape tout en douceur d’une bonne heure pour entendre d’un seul coup. Bon il est 18h45, on se change et on y va, comme ça on ne rentrera pas trop tard…      Yeh c’est gagné, je me prépare dare dare et direction le resto. Apéro, super coucous, thé à la menthe, aucun malaise malgré un petit coup de chaud, bref on a passé une belle soirée. On n’y était pas allé depuis le mois de septembre 2007. Mdr, les sorties se rapprochent, c’est vraiment bon signe. 

                

Samedi 12 avril, la sœur d’Aurélie se marie et Carmen a prévu un passage éclair à l’église. Chouette une sortie, non là je suis franchement faux derche, je ne mets les pieds dans une église que par respect pour un défunt.

Sinon je m’abstiens, ma religion me l’interdit.

La journée défile et je sens bien que Carmen ne se sent pas d’y aller et ça m’arrange. Les enfants partent et elle leur dit je vous rejoindrais peut être. De ce fait, ils la rappellent sur place pour savoir ou nous en sommes et là ouvrez bien vos oreilles « Philippe ne se sent pas bien, ne nous attendez pas… »

 Et oui, y a des fois où il faut bien que je serve à quelque chose. Courage fuyons...

Vendredi 18 avril, petite semaine, je n’avais pas franchement envie d’écrire mais je dois le faire impérativement. IL y a des périodes où l'agoraphobie prend le dessus, quelle sale garce, à ces moments là je sors de la Bulle. Même si les sentiments sont là, qu’il n’y a rien de changé entre nous, je redeviens un étranger. C’est surprenant au début, maintenant j’arrive à gérer et à attendre que cela passe. Sentiment trouble où vous avez l’impression de devenir transparent et elle ne s’en rend pas compte. Vous vous demandez même si ce n’est pas une vue de l’esprit, de quoi se poser beaucoup de questions. Arf… je n’abdiquerai pas et une fois de plus il va falloir repousser cette ombre fantomatique que je peux percevoir parfois au fond de ses yeux lorsque son regard me transperce sans se poser. Dur à vivre, mais demain sera un autre jour…

Lundi 21 avril, je dois me faire hospitaliser après demain, ce n’est jamais de gaité de cœur que l’on franchit les portes d’un hosto. Alors ma petite femme m’a envoyé une carte virtuelle pour m’encourager.

Je vous disais bien que demain serait un autre jour.

 

Samedi 26 avril, je suis hospitalisé depuis mercredi et jour après jour Carmen arrive tous les jours vers 13h30. Elle vient en voiture avec Aurélie, elle traverse tout l’hôpital, prend l’ascenseur et arrive dans ma chambre en se forgeant un sourire pour tenter de me blouser. Non ma puce, je sais ce que cela te coûte au quotidien de faire ce chemin de croix, que tu as déjà vécu au même endroit, lorsque ton fils y a passé 7 mois pour son cancer. Je ne peux qu’être fier de toi, tu arrives à surmonter pour les autres, toutes tes peurs, toutes tes angoisses. La souffrance, l’isolement, la foule, tout cela passe au second plan pourvu que je sois bien, que je ne manque de rien. Le soir tu me quittes vers 19h30 et la porte à peine refermée sur ton dernier regard, que tu me manques déjà. Et tout égoïstement, je n’ai qu’une envie te renvoyer au supplice le lendemain pour te savoir à mes cotés. Mais bon je ferai encore des efforts pour te  cacher que je dérouille. Vivement 13h30…

Je viens de passer 5 jours à l'hosto et ma petite femme m'a offert une magnifique peluche pour que je ne puisse pas avoir peur le soir...Je n'ai effectivement pas eu peur, juste de la douleur, mais quel beau cadeau une fois de plus. Que d'attentions au quotidien, c'est génial. J'ai eu le droit d'avoir à mes cotés une femme admirable, devenant tour à tour aide soignante, infirmière, psychologue. Tout pour me faire oublier cette période pénible, on est vraiment bien à la maison et ses travaux sont chouettes comme le reste.

Dimanche 4 mai, belle journée ensoleillée, je décide de prendre le taureau par les cornes et propose de quitter ma position couchée qui commence sérieusement à me fatiguer. Le choix se porte sur une brocante à 10 minutes en voiture, ma première sortie depuis l’hôpital. Quel pied de sortir un peu et prendre l’air, ne plus être entre 4 murs. Je m’inquiète pour Carmen qui craint, et sa sortie et la température élevée. Nous voila partis, dès les premiers kilomètres, je me rends vite compte que ce n’était pas une bonne idée, qui plus est je ne dois pas le montrer sinon on court tout droit à une crise de panique de sa part. Je sers les dents et nous déambulons dans un lotissement hébergeant cette brocante, jamais vu une ville comme ça. Tout en grimpette et descente, je déguste et souffre en silence. Soudain je vois Carmen changer de couleurs, je sens que la chaleur lui pèse et elle lutte contre la panique. Nous faisons une halte pour nous désaltérer et je lui propose de rentrer en lui disant que je n’en peux plus. Elle me dit, oui je veux bien en plus il fait très chaud, c’est peut être pas plus mal. Cette fois ci on est quitte, c’était à celui qui était le plus mal. Et bien j’ai gagné, j’ai fini la soirée couché avec une douleur pénible à supporter. C’est vraiment désagréable d’être mal à l’extérieur et pour moi ce n’est que temporaire. Quel calvaire pour elle…

 

Mardi 6 mai, une grande journée pour ma petite femme, elle a reçu la visite de sa mère, sa sœur et sa nièce. Journée à marquer d’une pierre blanche, c’est toujours elle qui se déplace depuis des années pour leur rendre visite et là c’est magique, elle les reçoit avec bonheur, comme un cadeau de noël. Réveil 8h30, la maison doit être nickel et l’accueil parfait, cela ressemble de beaucoup à un cérémonial, il faut que tout soit parfait et c’est le cas, sauf mon gâteau mais bon !!. Un après-midi extra avec une femme qui retrouve des yeux d’enfant pétillants et qui plus est toute fière de montrer l’avancée des travaux de sa bulle. A aucun moment, elle n’en a ressenti l’intrusion comme elle pouvait le vivre il y a encore 2 ans. On avance pas à pas, mais quel changement de comportement et le tout sans qu’elle ne s’en rende compte. Super ! À quand la prochaine visite…Parallèlement, je m’aperçois que cela fait longtemps que je n’ai pas vu mes enfants et ils me manquent, vivement que je sois rétabli, que je puisse passer quelques temps avec eux.

 

Samedi 11 mai, superbe journée, vers 10h30 une ballade au marché avec une foule importante et ca se passe bien. Un petit détour vers Amneville et un peu de repos dans un snack, le temps de faire passer un petit coup de chaud et hop on passe au Casino, juste un peu de monde. Sortie vers 14h00 et on se rend chez Marie-José pour un après-midi dans son jardin. Que c’est bon d’être à l’extérieur, de respirer un peu de verdure et surtout sans trop de douleurs. 19h00, nous acceptons l’invitation de ses parents à diner et les quittons vers 22h30. Carmen me dit, j’aimerai bien retourner au Casino. Allez, on va bien voir, un samedi ou les salles doivent être comble. Le Casino est noir de monde, et on y est resté jusqu’à 2h30, un exploit sans un instant de crainte, sans coup de chaud. Une très belle journée pour tous les deux à l’extérieur au contact des autres, je me demande même si Carmen ne se transforme pas en Sirop de la rue…

Jeudi 15 mai, cela faisait longtemps que nous étions tranquilles. Est-ce le départ d’Opale qui contribue au retour en force de cette peur panique. Quoiqu’il en soit, j’ai senti le vent venir hier soir. Carmen s’est fait couler un bain, ensuite elle est restée sur le scrabble durant des heures fumant clopes sur clopes, ce n’est jamais bon signe.

Et bien évidement aujourd’hui, réveil avec des plaques au visage. Elle n’arrive pas à sortir, ses jambes se dérobent sous elle, elle a le souffle coupé, des spasmes bizarres ressemblants à des hoquets et des frissons alors qu’il fait vraiment bon. Je suis arrivé à la faire sortir jusqu’à la banque pour ouvrir le compte de l’association, un vrai chemin de croix de 250 mètres. Je suis sur qu’elle m’a maudit à chacun de ses pas. Ce soir, je serai fixé pour me préparer au lendemain, déjà si j’entends couler son bain je commencerai à cogiter, son bain est un refuge dans ses périodes dures. Elle y passe un temps fou, comme si elle voulait évacuer ses malaises en les lavant. J’espère que ce n’est que passager et qu’elle ne va pas replonger pour plusieurs jours, sinon on remettra la carapace pour faire le gros dos…

 

Dimanche 18 mai, je ne me trompais guère jeudi et cette fois je me demande si la carapace ne doit pas être très solide…J’ai beau, sentir ou ressentir ce qui va se passer, la voir s’enfoncer dans son petit monde à elle. Je ne m’y fais pas, je ne sais jamais si je dois batailler ou attendre que cela passe. Tous les sujets qui l’a gène lui passe au dessus de la tête, elle esquive avec une pirouette, soit en changeant de sujet, soit en plaisantant. Comme si rien ne pouvait l’atteindre, en fait, elle est sensée être avec nous, mais on s’aperçoit vite que quelque chose cloche. Comme une coquille vide, mais là on n’entend pas la mer !! Il faut bien la connaître pour le savoir, tout un chacun pourrait la trouver marrante ou un peu spéciale tout au plus. Ce soir David est passé et au bout de 5 minutes, il lui posé la question qui fâche… «Tu te sens comment en ce moment ?» Et la réponse, «Bah bien, évidement quoique je sens bien qu’il y a quelque chose qui cloche… ».Voila c’est lâché et personne n’ose poursuivre, merci on le voit bien !! Mais c’est quoi ? Qu’est ce que l’on peut faire ? Qu’est ce que l’on ne doit pas faire ? Comment te venir en aide ? Doit-on te foutre la paix ? Te bouger ? Voila toutes les questions que l’on peut trouver sous cette carapace qui ne demande qu’à tomber et revenir à la semaine dernière ou plutôt à demain si tout va bien !!, C’est un peu comme un jour d’orage, sombre, électrisant et pénible lorsque l’on est dedans, mais avec un arc en ciel qui se dessine obligatoirement dès que la lumière revient. La lumière est au bout du tunnel et comme je le dis à chaque fois demain sera un autre jour !!

Mardi 27 mai 2008, reprise de contact avec mes déplacements puisque j’ai pris la route ce matin pour me rendre au bureau en Région Parisienne. Et donc première nuit à l’hôtel, après une journée crevante, 350 km d’une traite je n’avais plus l’habitude et une journée de bureau j’étais naze. J’ai pu faire un crochet voir mon fils et ca c’est vraiment reposant et agréable cela faisait longtemps que je ne l’avais vu, il travaille dans une crêperie et c’est un vrai chef, je me suis régalé. Après cette bonne soirée direction la douche et un bon lit, je m’endors du sommeil du juste et en pleine nuit, je suis réveillé en sursaut par un coup de tonnerre tonitruant, je fais un bon dans ce lit et aussitôt je cherche le contact de Carmen. Aie ! personne, je m’inquiète immédiatement pensant qu’elle a fait un malaise et qu’elle s’est levé sans oser me réveiller. Quel con ! Je suis seul à l’hôtel et m’affole pour rien, je me suis rendormi tranquillement avec un sourire au coin des lèvres. Comme quoi on y pense tout le temps même lorsque tout va bien !! Enfin j’espère, j’aurais le compte rendu aujourd’hui de sa première nuit seule. Oh, je ne vais pas moi aussi être conditionné non ?!!

Dimanche 1 juin 2008, cela fait longtemps que je n’ai pas écrit et pour cause depuis la dernière fois, pas d’amélioration bien au contraire. En fait, Carmen a un carburant performant il lui suffit de pouvoir s’occuper des autres pour que cela lui donne l’impression d’exister. Son agoraphobie l’a isolé du monde du travail pour l’enfoncer d’années en années au rang de femme au foyer, vous savez ce terme qui désigne une personne ne faisant rien chez elle, ce que lui ont rappelé régulièrement ses gamins. De ce fait, elle s’organise pour que tout le monde soit heureux, elle devance les moindres désirs, régie le quotidien pour que sa bulle soit la plus parfaite pour elle et les siens. Mais voila, comme je ne cesse de le répéter, dans une cellule familiale, il faut que tout le monde y mette un peu du sien pour que cela fonctionne bien et que chacun s’y retrouve. Il ne suffit pas d’avoir le meilleur carburant pour avancer, il faut également un minimum d’huile. En l’occurrence, on pourrait bien parler d’huile de coude puisqu’elle fait tout pour tout le monde et j’interviens régulièrement auprès de Laurent et d’Aurélie afin qu’ils participent à la vie de la maison. Et ce qui devait arriver, se produit cette semaine, Carmen est a saturation de lessives, de repassages, de rangements, SEULE. Et au lieu de gérer cette situation en mettant les pieds dans le plat une bonne fois pour toute, en mettant en place des règles simples pour tout le monde, elle préfère s’isoler en pleurant parce qu’elle ne comprend pas pourquoi. Elle commence à s’apercevoir qu’elle ne vit plus chez elle, mais presque chez son fils et qu’elle est passée du rôle de mère à celui de femme à tout faire. Elle est perdue et pour la première fois, je l’ai entendue dire et bien on part à Bordeaux je serai plus tranquille. Phrase magique que j’attends depuis 6 ans mais qui ne me réjouit même pas parce que je sais que ce n’est pas elle, mais la mère blessée qui ne comprend plus. Elle pense qu’il suffit de donner pour que les autres vous reconnaissent, seulement la vie est devenue bien différente. Maintenant plus tu donnes et plus tu dois en faire et le jour ou tu ne fais plus c’est toi qui est disqualifié, pas loin d’une belle logique à JC Vandamme. Mais tellement vrai et si efficace, Carmen ne sort plus depuis la semaine dernière et je n’arrive plus à l’aider, nous partons pour Bordeaux la semaine prochaine, je pense qu’un break loin de chez elle devrait l’aider. Enfin je l’espère… Et demain sera peut être un autre jour…

Mardi 25 juin 2008, je vais me répéter mais je n’écris pas très souvent. Je me rends compte que ce n’est pas toujours lorsque cela ne va pas. Bien au contraire, cette fois ci, c’est justement parce que l’on vient de passer 3 semaines au calme. Carmen a passé des vacances tranquilles comme elle le dit elle-même. Je m’aperçois que son agoraphobie est bien un comportement appris, dès qu’elle quitte ses repères loin  de sa bulle, elle est beaucoup plus détendue, ouverte et elle arrive à faire des sorties qu’elle est incapable de faire chez elle. Elle sort dans le jardin même avec de grosses chaleurs, elle part en vélo faire ses courses seule à 3km de la maison, Hourra !. Cela ressemblerait presque à une vie « normale » sans se poser de questions. C’est vrai que ma petite maison est bien au calme pas très loin des vignes, mais c’est surtout qu’elle ne se sent pas couverte de responsabilités hors de chez elle. Elle se repose sur moi et elle ne subit aucune pression, cela lui va  parfaitement. Et pourvu que cela dure ! Mais nous sommes déjà remontés chez elle, et cette première nuit n’augure rien de bien bon, certainement un peu de chaleur, la route bien longue après une journée de travail. Mais bon, je me méfie de ses plongées sur son quotidien qui lui pèse de plus en plus. Allez, n’anticipons pas trop et on verra bien. De toute façon, nous passons 3 semaines chez elle et ensuite retour sur Bordeaux jusqu’en septembre. De quoi la remettre au vert et lui oxygéner l’esprit.

Dimanche 29 juin 2008, gagner une bataille ne permet pas toujours de faire abdiquer l’ennemi, cela peut l’affaiblir mais également lui redonner du mordant pour le prochain combat. Avec l’agoraphobie, c’est souvent lorsque vous avez marqué des avancées significatives que vous prenez un nouvel uppercut foudroyant. Un cocktail bien secoué dans un shaker glacé avec toujours la même recette : 3/6 de soucis avec ses enfants - 1 /6 de manque d’argent – 2/6 de perte de sommeil et vous replongez de plus belle. Cette fois-ci, c’est une grosse claque, Carmen vient de remettre la main sur des comprimés de Lyxensia. Les cachets du bonheur qu’elle ne prenait plus depuis deux ans. Ces antidépresseurs qui permettent de mieux dormir et remettre une couche de potage sur un esprit qui travaille trop, trop vite et qui en a marre de ne pas trouver de réponse à une simple question : Pourquoi ?. Difficile d’imaginer que l’on puisse toujours se demander Pourquoi ? pour tout, sur tout et bien souvent ne jamais mettre de réponse en face. Je me demande même, si cela ne me gagne pas un peu. Quoique moi je propose des réponses qu’elle ne veut pas entendre, parce qu’elle est profondément gentille et trop bonne…En préambule à cette page que je précisais que je m’étais rendu compte de la difficulté pour les conjoints de vivre au quotidien l’agoraphobie, c’est vrai qu’il faut aimer énormément la personne avec qui vous vivez pour supporter ces revers réguliers et sournois. Quoique vous fassiez, vous faites éponge et subissez ces retours en arrière comme un échec personnel alors que la seule personne qui souffre c’est elle. C’est ce qu’il ne faut jamais perdre de vue, même si le découragement vous gagne. Allez encore 3 semaines et on descend à nouveau à Bordeaux pour une cure de jouvence. Et demain sera un autre jour…

 

Une fois n'est pas coutume, j'ouvre ce chapître tranquillement. Carmen va bien, elle arrive gentillement à gérer ses stress, à se forcer à sortir (ça c'est dur). Elle prend même du poil de la bête pour gérer sa bulle. Bref, je n'ai plus à intervenir. Alors ayant découvert de belles photos, je vais vous faire découvrir son univers en photos.

L'agoraphobie, ce sentiment d'être infiniment petit face aux autres, qui vous empeche de vous envoler vers l'extérieur. Cela pourrait ressembler à ça.

Vous vous sentez bien, vous pensez être bien mais derrière vous sommeille un démon que vous n'arrivez pas à controler.

Et pourtant, vous tendez le cou pour vous envoler librement.

Pour trouver cet arc en ciel qui vous fait tant rêver au loin, là ou les autres sont.  Même si parfois, celui ci doit descendre vers vous, pour vous contenter.

Malheureusement trop souvent, la réalité reprend le dessus, vous atterrissez loin de votre arc en ciel, alors que vous le voyez au travers de votre prison transparente.

D'un coup vous vous dîtes, ca y est c'est encore le trou noir.

Même les plus grands de ce monde sont interpellés par votre situation. Les uns sont incrédules.

D'autres sont émus aux larmes.

Mais surtout, on vous tire un grand coup de chapeau.

Alors, il faut tout recommencer. reprendre des idées d'envols. Et pourquoi pas se faire aider par un copain.

Voir le plus loin possible et s'ouvrir au monde.

Pour vous dire que la vie est belle, et qu'il faut la vivre pleinement et sereinement. Et surtout en prenant beaucoup de plaisir sur cette terre qui de toute façon un jour vous recouvrira. Dansez, maintenant...

 

Voila mes pérégrinations, après une belle journée passée sur la route (des vacances pour beaucoup). J'espère vous avoir fait au moins sourire, c'était le but recherché...

Cette semaine, mon patron m'annonce que nous n'avons pas réussi à développer un courant d'affaire suffisant pour permettre de me garder... SIC... Je vais donc rejoindre la grande maison ANPE après 28 ans sans y avoir mis un seul pied. Beaucoup vous disent comme pour une maladie "ne te plaints pas à ton age tu n'as pas connu" . Un peu comme une fatalité, et bien cela va me permettre de faire un point et d'envisager de travailler autrement. Une seule chose me reste à faire, accrocher au dessus de mon bureau virtuel l'épitaphe suivante...

 Et demain sera un autre jour....

Lundi 25 août 2008, je prends la plume uniquement pour  que personne ne pense qu’il nous est arrivé un pépin. Ce sont juste les vacances et comme d’habitude Carmen est au mieux, donc nous allons bien. Le dépaysement crée une distance entre elle et ses troubles qu’elle gère à la perfection. Des petits coups de chaud de temps à autre, logique avec le nombre de sorties qu’elle s’offre au soleil. Comme quoi je n’écris pas seulement lorsque cela va mal…. 

 

Mardi 2 septembre 2008. Chronique d’un divorce annoncé, voila ce que l’on peut dire à l’issue de ces vacances. Une fois de plus, Carmen tombe de haut et se renferme blessée et déçue du comportement de la copine à Laurent qui nous a menés une vie d’enfer les derniers jours de vacances. Le pire c’est que j’en suis en grande partie responsable, en effet, je suis l’empêcheur de tourner en rond. Tout a commencé il y a 5 mois lorsque j’ai été hospitalisé, je suis resté plusieurs semaines à la maison, moi qui suis d’ordinaire sur les routes du lundi au vendredi, j’ai eu l’occasion de me rendre compte de se que je présentais les week-ends. Il est vrai que je râlais souvent les week-ends d’être toujours obligé de tout faire, les repas – mettre la table – appeler systématiquement Laurent et Aurélie pour qu'ils viennent à table– bien souvent la débarrasser seuls - nettoyer la table - ranger la cuisine. Bref servir la soupe à ces jeunes vivants en autarcie dans leur chambre comme des lapins en cage. Avec en prime l’obligation de subir leur prises de têtes à table et des repas tristes à mourir dès qu’ils se faisaient la gueule. Mais ceci n’était que la vie des week-ends et comme un iceberg la seule partie visible, la réalité était tout autre. Carmen servait de bonne à tout faire à ce petit couple, heureux d’être dégagé de toutes taches ingrates. Ce que je ne voyais pas en semaine, c’est que Carmen faisait la lessive (y compris le linge intime de Melle, 21 ans quand même) et on se change tous les jours parce que la douche est un mot issu d’un vocabulaire usité de manière hebdomadaire, tout le repassage et le rangement des affaires propres et pliées (et ça ne plaisait pas parce que ce n'était pas rangé comme elle le souhaitait), le ménage de l’ensemble de l’appartement y compris leur chambre. Une situation ubuesque pour laquelle j’ai mis un coup d’arrêt un soir à table au mois d’avril en expliquant gentiment à Aurélie que Carmen n’était pas là pour se taper 4 heures de repassage à sa place uniquement pour ses affaires personnelles, alors qu’elle ne travaillait qu’à mi-temps. Un crime de lèse-majesté que nous avons payé cash cet été, sans aucune modification de son comportement même en vacances. Pour s’entendre dire « cela fait 5 mois que je suis mal à l’aise chez vous », bien sur ! je te demande de participer à la vie familiale et j’ose parler de travail à la maison et en plus je complique le tout en osant préciser qu’avec un seul salaire d’environ 1000€, on ne prend pas un appartement. Et oui, courage fuyons au lieu de faire des efforts minimum, mieux vaut fuir et prendre un logement à deux sans ces emmerdeurs. Aie aie aie que de vérités dont j’aurai du m’abstenir, mais je suis désolé, comme je considérais les enfants comme les miens je ne peux que tenter de leur éviter le pire. Et lorsque que je vois deux piafs tristes sur un fil prêt à se rompre, je tente de les alerter pour éviter la catastrophe. Un couple se construit sur des goûts communs, du dialogue, du plaisir, une joie de vivre, de l’amour (mais l’amour ne serait-il pas entre autre la combinaison de tout ça ?). Et ce que nous voyons depuis des mois et des mois, c’est un échange par WIFI interposé ou sur Nintendo DS, des SMS aussi, c’est vrai que je suis devenu un vieux con et que ce n’est pas de mon époque. Heureusement pour moi j’ai aussi 2 enfants utilisant les mêmes jeux, les mêmes moyens de communications mais respirant une joie de vivre toute autre et j’en suis fier. Et c’est là que la boucle est bouclée et que Carmen s’en rend malade à se dire qu’elle a loupé quelque chose. NON chérie une fois de plus la seule chose que tu ais raté, c’est d’avoir été trop gentille et d’accepter une cohabitation. Le divorce ne sera malheureusement pas celui de ton fils, mais le retour de sa copine chez ses parents, d'ailleurs  à l'époque sa mére l'insuportait, raison pour laquelle elle était heureuse de venir habiter chez toi, peut être pour les mêmes raisons qui sait.... J'espère qu'elle a tenu parole et quitté l'appartement depuis hier comme elle nous l’a annoncé gracieusement avant de  partir.

Et tant mieux pour tout le monde, un peu de sérénité ne fera de mal à personne, cela a trop duré et par trois fois déjà tu t’en es rendu malade, maintenant à eux de faire leur vie comme bon leur semble….

Dimanche 7 septembre 2008, les vacances se terminent en douceur et tout pourrait aller pour le mieux. Seulement voilà, comme à l’accoutumée les contrariétés influent sur les symptômes de Carmen et depuis le départ de Laurent, elle ne fait que cauchemarder les nuits. Ce qui complique bien évidement les journées et l’ensemble des activités. Dans ces rêves, elle se revoit plus jeune avec ses enfants petits, certainement des moments heureux de sa vie ou une étape de la vie où les enfants ont besoin de leur mère. Ce besoin permanent d’être utile pour exister et difficile a assumer lorsque les Enfants (ces petits,  aux yeux de tous les parents du monde) deviennent adultes et s’éloignent inexorablement et normalement de leurs racines. Lorsque les choses se passent bien et que vous voyez vos enfants heureux, vous vivez ce passage de la vie simplement, sereinement et vous passez à autre chose. J’arrive à me mettre à sa place et concevoir qu’elle soit anxieuse pour la vie future de son fils, qui plus est si elle doit s’en éloigner en venant vivre ici. Mais peut-on lire à l’avance ce que nous même aurions tentés d’écrire à leur âge. Toutes expériences forgent les personnalités et je crois fermement que l’on ne peut se construire que par la souffrance des sentiments. C’est pourquoi, mon cœur, je te conseille de laisser à ton fils de vivre ce qui lui semble bon pour son équilibre et le temps jouera son rôle….Moi je suis convaincu que cela te permettrai de vivre plus sereinement, et en particuliers si tu arrivais à penser simplement à toi. Une chose que tu as mise de coté trop tôt et trop longtemps. Vis pour toi ! Nom de dieu…….

Samedi 20 septembre 2008, hier nous étions de sortie, les gamins nous avaient invités à gouter de la cuisine Indonésienne. Une sortie normale pour tout le monde et je dirai même pour Carmen, je crois bien que les deux mois sur Izon lui ont été profitables comme à chaque fois. Pour la première fois en 6 ans, je ne l’ai pas entendu dire :

       Aie ! Il faut que je sorte

     Je ne me sens pas très en forme ce soir

       Je vous préviens je reste pès de la porte

Des phrases connues par cœur que nous entendons tellement souvent que nous n’y prêtons plus attention, sauf que cette fois ci, leur absence m’a agréablement surpris. On est sur la bonne voie, bien sur un gros coup de chaud sur la fondue brulante dans un restaurant sans climatisation, avec une porte fermée because climat très frais en cette arrière saison. Un début de malaise bien géré et aussitôt remballé au fin fond de la cuisine. Une soirée extra, où Carmen rayonnait de joie de vivre comme on souhaiterait lui voir vivre au quotidien. Et bien vivement la prochaine sortie…

 

Et quelle joie de vivre !!

Lundi 13 octobre 2008, un peu de repos bien mérité après une semaine de foire intense, en effet j’ai découvert par chance le métier de démonstrateur sur une foire exposition.

                                                               Un métier prenant, en vase clos ou tout le monde ou presque se connaît et surtout se reconnaît par la valeur de leur travail. En quelques sortes des bureaux open space qui se construisent et se reconstruisent au fil des foires expositions, à la seule différence que personne ne se cache derrière un ordinateur pour jouer aux cartes ou surfer des heures sur la toile, tout en critiquant le même fonctionnement chez son voisin d’en face. Là la seule chose qui compte c’est la valeur personnelle. Cela m’a surtout permis de découvrir des gens attachants, je leur tire un grand coup de chapeau pour m’avoir bizuté, mais surtout affranchi de leur univers avec une grande gentillesse.

Un grand merci à Manue 

pour sa simplicité et son grand cœur, à Fred pour son bizutage qui m’a motivé, un grand bonhomme par son professionnalisme, à Marc pour ses conseils précieux et son art de la répartie et à tous ceux dont je n’ai pas eu le temps d’enregistrer leurs prénoms trop occupé à me dépatouiller avec mes fruits et légumes. Une belle semaine, si cette dernière n’avait pas été entachée par le retour de malaises nocturnes chez Carmen. Elle les a géré au mieux pour ne pas m’empêcher de dormir mais à quel prix ! C’est si dur de la voir en pleine crise alors que quelques heures avant rien ne le laissaient présager. Ce sont des comportements appris nous explique tout le corps médical, et bien elle aurait certainement préférer apprendre plein d’autres choses beaucoup plus réjouissantes. Nous allons descendre sur Izon quelques jours cela lui fera le plus grand bien. Entre temps on a fêté mon anniversaire et elle s’est éclatée comme une dingue avec sa sœur, une façon a elle de décompresser et franchement c’était un vrai régal de les voir ainsi… et pourvu que ça dure …

Samedi 25 octobre 2008, c’est l’anniversaire mon fils Thomas, le grand Soso  surnommé ainsi par tous ces potes. Un beau bébé de 23 ans qui a découvert une belle surprise organisée par sa Chérie. Non seulement elle a réunie tous ses potes et copines mais également ses parents pour la première fois depuis des années  et ce sans qu’il ne se doute de quoique ce soit. Un grand moment d’émotion pour lui mais également pour son frère qui n’avaient plus vu leurs parents réunis et qui plus est avec leurs conjoints respectifs. Pour lui offrir un de ses rêves, un saut en parachute, sacré petit bout de bonne femme qui a tout géré à la perfection.  Carmen avait pensé à elle en lui offrant une grosse peluche pour la remercier du boulot qu’elle avait fait. Deux points communs entre elles, la taille et un cœur énorme, dès qu’il s’agit d’offrir aux autres.  Ma chérie à moi a géré comme une grande, 50 personnes dans la salle et à aucun moment elle n’a laissé paraître de malaise. Encore une belle soirée et on remet ça le 15 novembre avec David…

 Et voici les photos d'un simple clic.

 

Samedi 01 novembre 2008, nous allons bientôt rentrer sur Metz et ces quinze jours ont été en demi teintes pour Carmen. Alternant des journées impeccables avec d’autres beaucoup plus compliquées suite à des nuits cauchemardesques, ces malaises nocturnes sont revenus en force dès la première semaine, elle les a géré du mieux possible. Mais cela influence énormément son moral, avec l’arrivée de l’hiver, du froid, de la nuit plus rapide à tomber, le cocktail ne passe pas bien. Ces comportements appris sont très fortement influencés par le climat, l’hiver est toujours une période compliquée pour elle. Chassez le naturel, il revient au galop, vivement l’été prochain…

 

Mercredi 12 novembre, nous sommes rentrés à Metz depuis une semaine et Carmen passe à nouveau des nuits difficiles et automatiquement des journées épuisantes. C’est compliqué d’assister impuissant à ces troubles qui la minent. Elle a essayé d’arrêter de fumer, mais elle n’a pu tenir que 2 jours complets, je suis déçu qu’elle n’y arrive pas pour sa santé qu’elle détruit petit à petit avec cette drogue dont j’ai pu me séparer il y a 10 ans maintenant. Je sais à quel point c’est dur, surtout pour elle qui n’a que son ordinateur et ses cigarettes comme détente et sorties à la fois. Dommage c’était bien d’essayer alors qu’elle se bat contre elle-même toutes les nuits. Un peu comme un boxeur qui s’entrainerait avec sa propre tête en guise de punching-ball. Et à la voir groggy de sommeil le matin au réveil, qu’est ce qu’elle doit se mettre dans la tronche MDR… Il faut que je lui trouve ses petits chiots afin qu’elle est un occupation et une obligation de sortir, cela lui changerait les idées et l’éloignerait un peu de son écran.

Samedi 15 novembre, l’anniversaire de David a été une réussite à tous points de vue. La soirée s’est prolongée au bout de la nuit sans que nous nous en rendions compte. Et pour la première fois, j’ai vu Carmen s’éclater sans retenue, sans mal être ni malaise. De par son handicap, je ne l’avais jamais vu avec un ou une amie ; et pour cause la différence crée le vide autour de soi. Là, elle était à coté d’Alain, un ami de David et elle était aussi à l’aise que si s’était un copain d’enfance. Des rires aux larmes de part et d’autre pour une nuit que l’on aurait aimé prolonger à l’infini. Le tout c’est d’y croire parce l’âge aidant les lendemains sont plus compliqués pour récupérer…lol.

 Et un simple clic pour ces photos.

Vendredi 19 décembre, Noël approche à grands pas et cela fait déjà 15 jours que Carmen profite pleinement de son cadeau. Quel régal d’offrir lorsque l’on apporte autant de bonheur, déjà sur Izon elle était régulièrement dans le jardin avec ses deux fauves. Depuis dimanche dernier elle les sort plusieurs fois par jour en plein centre de Metz, au beau milieu des passants, des lycéens sortants par vague et sans aucune appréhension, parfois seule. Cette magnifique volonté de s’occuper des autres avant soi, lui a toujours servi de carburant dont elle n’arrive pas à utiliser pour elle même, normal c’est un vrai petit diésel. Dommage que ses nuits ne ressemblent pas à ses journées, cela serait vraiment parfait. Il ne nous reste plus qu’à célébrer Noël avec ses enfants, je n’ai pas les miens cette année et ils vont me manquer comme tous les deux ans. Mais bon je sais qu’ils passeront de très bonnes fêtes en famille aussi, c’est le principal. 

En attendant cette fin d’année et mes meilleurs vœux, joyeuses Pâques à tous :o))

 

 Une fin d'année tout en douceur, il ne nous reste plus qu'à réveilloner demain soir en amoureux et une autre année verra le jour. Dans cette perspective. Bonne année à tous et toutes...

 

  A

Dimanche 11 janvier 2009, calme plat depuis les fêtes, Carmen se replonge avec intensité sur ses parties de scrabble (chassez le naturel, il revient au galop). La nouveauté vient de ses chiens que nous sortions ensemble avec plaisir, jusqu’à ce que la morsure du froid me pique (un peu trop à mon goût), puisque je suis HS depuis 5 jours maintenant. Je n’avais plus souvenir d’une grippe carabinée comme celle-ci. Et comme à chaque fois, ma petite femme se surpasse, elle sort les pépettes seule, court chez le médecin, à la pharmacie, chez le boulanger et sans aucune crainte. Fabuleux, je me devais de la féliciter, j’ai même été au de-là et l’ai récompensé.
Je lui ai offert ma grippe, sympa le mec…

Vendredi 16 janvier 2009, mon portable sonne et chose très rare je décroche sur un appel inconnu. Une journaliste de FR3 recherche des personnes souffrantes de phobies pour l’émission À la carte et en surfant sur le web, elle a découvert notre site. Elle m’explique sa démarche et ce dont elle a besoin pour un montage de 4 minutes. Carmen est à mes cotés et écoute la conversation, je la vois petit à petit se renfermer me faisant des signes négatifs. Je transmets à mon interlocutrice et nous convenons de la rappeler si Carmen change d’avis. A peine avais je raccroché qu’elle m’interpelle : Ah ca te fais marrer ! Tu sais très bien que je ne peux pas ! Chez moi, dans ma bulle, des gens avec des micros et une caméra, je vais m’étouffer !  

 

Bon je pense que pour cette fois, cela ne se fera pas. Dommage cela aurait fait connaître aux autres sa pathologie et notre association.

Chérie que ne ferais tu pas pour éviter la notoriété…

Mardi 6 février 2009, presque un mois sans écrire, je ne me reconnais pas. C’est vrai que lorsque Carmen va bien, je n’ai aucune raison de faire vivre cette page. Nous avons passés 15 jours sur Izon et comme d’habitude, elle est plus détendue. Mais cette fois, c’est le témoignage de Beud qui nous a émus au plus haut point, puisque nous vivons la même chose qu’elle. Je vois bien Carmen se torturer, depuis des semaines et surtout depuis que je suis au chômage, pour chercher une solution financière. Elle a un sentiment de culpabilité encore plus développé parce que nous sommes amenés à changer de train de vie. Noël à déjà été compliqué par rapport à nos enfants puisque le budget 2008 était légèrement tendu, la priorité va bien évidement aux loyers, charges et alimentation. Et les fêtes passées elle cherche en vain un travail dont elle sait parfaitement qu’elle ne peut l'assumer dans l’immédiat. Je sens bien qu’elle souhaiterait me prouver qu’elle sait travailler et s’Assumer financièrement. Mais tout ça j’en suis convaincu, la seule solution est de reprendre ses visites chez son médecin cognitivo-comportementaliste qui pourra l’aider à franchir un nouveau palier voire à la soigner définitivement ce que je souhaite de tout mon cœur, pour Elle et non pour moi. Pour rebondir sur les propos de Beud, malheureusement tu n’es pas malade et c’est bien ce qui pose problème aux autres parce qu’ils n’arrivent pas à comprendre. L’agoraphobie n’est pas une maladie mais des comportements appris que seule tu dois apprendre à gérer au mieux pour progresser. Il te faut trouver un bon médecin pour t’aider. Pour le quotidien, même si il est très compliqué, je pense et espère que tes proches feront tout pour que tu ne te renfermes sur toi-même. Nous avons une situation similaire, je me rendrai malade de devoir vendre ma maison, mais le plus important c'est avant tout la santé de Carmen qui m'importe et si nous devions en arriver là, il nous resterait encore quelques belles années pour en racheter une nouvelle, et avec une baignoire dans la salle de bain (elle ne supporte pas ma douche). On te souhaite beaucoup de courage et on est à ta disposition si tu souhaites en parler.

Samedi 7 février 2009, on nous reproche d’écrire trop souvent lorsque tout va bien. Ce qui donnerait l’impression à nos visiteurs qu’une fois toutes les 3 à 4 semaines tout va bien dans le meilleur des mondes. Je vais bien tout va bien lol… Que nenni, nous vivons au quotidien avec ses pathologies. Pour exemple, nous sommes rentrés sur Metz lundi dernier et depuis ce jour, j’entends vaguement  Carmen se coucher entre 2h30 et 4h00 du matin s’abrutissant sur son ordinateur ou faisant du ménage. Elle n’arrive plus à dormir, pour ceux qui souhaiteraient vivre comme les hiboux voici la recette :

1/3 de factures en suspend

1/3 d’angoisse pour l’avenir de son fils

1/3 de peur générée par les 2 premiers tiers

Croyez moi ça marche à merveille, mais le pire de tout, c’est qu’elle ne s'en rend même pas compte. En dehors du fait qu’elle est crevée et qu’en face d’une glace elle se trouve un peu blanche. Tout va bien je vais bien lol…Et pour masquer le tout, on joue dans la cour des grands humoristes. Comme aiment le répéter ses enfants «il fait bon vivre dans la maison du bonheur de nous !», cette simple phrase résumant une adolescence avec une maman pas tout à fait comme les autres, mais tellement protectrice et aimante.

Et ce qui est encore plus incroyable, c’est que lorsque deux agoraphobes discutent ensemble, elles ne vont pas discuter de leurs pathologies, elles ont les mêmes. Elles vont s’échanger des conseils mutuellement qu’elles sont incapables d’appliquer individuellement.

De l’extérieur, c’est d’un réalisme hallucinant.

Je dois manquer également de sommeil, je pars un peu dans tous les sens aujourd’hui, alors je vais stopper pour l’instant et demain sera un autre jour !

  

Samedi 14 février 2009, la Saint Valentin est une très belle journée, elle ressemble beaucoup aux précédentes je souhaite vivement qu’elle le soit beaucoup moins que les suivantes. Mais on a marqué le coup en se rendant au Thermapolis à Amneville, nous avons failli y aller plusieurs fois en 6 ans. En fait, il nous manquait cette date précise le 14 février 2009. Carmen a donc pris son courage à deux mains et on a commencé la journée par un passage à la pharmacie pour lui prendre un médicament limitant les allergies à l’iode. Direction les thermes, on passe prendre David et Sébastien au passage et nous voilà arrivé presque les pieds dans l’eau. Aie ! Une file d’attente pour entrer, ce sont les vacances scolaires il y a du monde. Et bien, aucune angoisse visible, je dirai même une certaine décontraction. Un régal, mais bon il faut tout de même que je cafte un peu, en voiture Carmen se tourne vers moi et me dit «tu ne t’éloigneras pas trop si il y a du monde, où du moins tu surveilleras ta petite crevette, on ne sait jamais !). Chose promise, chose due, je suis resté collé à ma crevette et au bout de deux heures de cuisson avec quelques petites plaques roses sur le visage, je l’ai sorti du court bouillon. Une belle bataille de gagnée, alors on s’est fait un petit goûter chez les enfants et retour au calme. Il ne faut pas abuser des bonnes choses. La vie est belle lorsqu’on veut bien la vivre tout simplement…

Mercredi 25 février 2009, Carmen se réveille avec un sourire splendide et une joie de vivre que je ne lui avais pas vue depuis bien longtemps. Je pense que la journée d’hier lui a fait un bien fou, mais que c’est il donc passé hier ?

 Et bien pour la première fois elle a ouvert sa bulle à Patty, Lulu son mari, Yann son fils et Doky leur Labrador. Une visite à haut risque pour ces deux charmantes femmes qui souffrent toutes deux à la fois d’agoraphobie et de phobie sociale. Patty ayant découvert notre site sur internet, elle a osé prendre contact avec nous. Nous avons échangés une dizaine de jours sur msn et le tchat du forum et lors d’une conversation entre hommes () Lulu me propose une éventuelle rencontre, j’accepte aussitôt et la date de ce mardi est fixée et ce sont eux qui viendront sur Metz. Un périple de 225km, une grande première pour eux qui ne bouge que très rarement.

Donc hier matin, Carmen se réveille d’une humeur massacrante en commençant par me maudire d’avoir accepté cette visite. Non pas que cela la dérange puisqu’elle est heureuse de les recevoir, « mais chassez le naturel il revient au galop », ses peurs l’envahissent. Je la rassure en lui disant que le plus dur est certainement pour Patty à faire le trajet vers chez nous. 10h30 la petite famille sonne à notre porte, nous passons au salon pour un petit café et la magie opère tout de suite, les femmes se retrouvent dans la cuisine (non ça c’est juste pour situer le lieu, la magie arrive !!) et les voilà échangeant les expériences comme si elles s’étaient toujours connues. Leurs parcours différents mais tellement semblables dans leurs symptômes, les rapprochent et les rassurent. Du coup après le repas, direction le plan d’eau pour faire courir les chiens, Carmen se fait un peu tirer les oreilles pour accepter cette sortie improvisée. Une ballade rafraichissante et tout c’est très bien passé, les chiens ont trouvés plein de potes pour jouer et se dépenser et les femmes sont rentrées crevées. Un petit café avant qu’ils ne reprennent la route pour entendre la plus belle phrase de cette journée, Patty s’adressant à Carmen pour lui dire « franchement, à te voir on ne peut pas deviner que tu es agoraphobe ! ». Eh oui, le constat est sans appel, cela n’est pas visible pour les autres et tellement difficile et pénalisant à vivre pour chacune d’entre elle. Merci Lulu tu as eu une idée géniale. Et promis nous viendrons cet été, chacun son tour….

Lundi 9 mars 2009, avant-hier nous avons regardé le spectacle «Les hommes viennent de Mars, les femmes de Vénus» un bon moment de franche rigolade avec Carmen ou bien évidement tout le monde se retrouve. Et bien sur pas plus tard qu’hier, nous en avons tirés les leçons et mis en application un grand moment d’incompréhension mutuel. Quoiqu’un peu normal, je dois être descendu depuis trop longtemps de Mars (les deux pieds bien ancrés sur terre) et Carmen n’a pas encore atterri. C’est dingue, il est déjà compliqué de communiquer avec une femme, mais lorsque celle-ci a encore les deux pieds dans sa soucoupe. Je dois reconnaître que je n’ai pas d’antenne assez sophistiquée pour dialoguer sereinement… Mais demain sera un autre jour !

Jeudi 12 mars 2009, une belle journée de printemps avec presque 20° et cela influe énormément sur le moral. Carmen est aux anges, elle joue avec ses chiens et son lapin le tout sous un beau soleil. C’est vraiment agréable de la voir aussi en forme, comme nos Pépettes d ailleurs. Je crains le pire dans 15 jours lorsque toute la petite famille réintégrera l’appartement de Metz. En attendant, profitons de ces moments superbes…

 

 

 


Duck et Dolly 110309

 

Pinou et Duck 120309 (Duck chien de chasse spécialiste es-lapin)

Dimanche 22 mars 2009, une petite semaine qui ressemblait à un avant goût des vacances, déjà parce que le climat s’y prêtait franchement et une sérénité ambiante bien agréable. Mais la bête et toujours là, tapie au plus profond de Carmen et j’arrive à l’apercevoir lorsque certains signes se manifestent. Cela ne m’a pas empêché de sortir Carmen à la plage et au restaurant, le tout en deux sorties (il faut tout de même le préciser). Maintenant je sais qu’elle commence à alimenter ses peurs en anticipant ma reprise de travail partiel en avril, je la vois combattre ses appréhensions tout en se laissant envahir petit à petit. Ces pensées négatives qui se transformeront automatiquement en crises paniques si elle n’arrive pas à les canaliser. Et parallèlement à cela elle commence à tenter de se protéger, pour exemple cette semaine je l’ai abandonné pour une journée et demi de stage, à mon retour, je l’ai retrouvée dans sa bulle que je connais bien maintenant. Cette abominable bulle, pour le conjoint, qui vous éloigne de l’être que vous aimez, non pas qu’elle veuille vous ignorez, mais uniquement pour se protéger de l’extérieur, y compris de vous. Vade et retro satanas, j’ai entrouvert cette bulle pour la sortir de cette torpeur galopante et nous sommes sortis, même si au départ en voiture les jambes et les bras étaient croisés à lui faire mal aux articulations, le retour a été beaucoup plus serein. On avance à petits pas tranquillement, mais il ne faut rien lâcher…

 

Mercredi 01 avril 2009, le grand jour arrive ! Je reprends la route demain et au bout, 12 jours de formation à Nantes. Je suis à la fois très heureux de reprendre une activité, qui me manque, mais soucieux de laisser Carmen livrée à elle-même alors que nous venons de passer 8 mois sans nous quitter. J’essaye de la rassurer au maximum, mais je sens bien ces vieux démons flotter tels des fantômes n’attendant que son signal,

pour ressurgir et l’emporter dans ses combats nocturnes d’ou elle n’en sort jamais gagnante. D’un autre coté, j’espère comme un gamin un soir de Noël que ce sera l’électrochoc qui la ramènera sur le chemin de son médecin. Mais sa pathologie vous fait redescendre rapidement sur terre, tout comme le jour ou vos parents vous annoncent que « t’es devenu un grand mon fils, il faut te dire que le père Noël n’existe pas ! ». Eh oui chérie, je te crois lorsque tu me garanties que tu veux t’en sortir et que tu vas reprendre tes rendez-vous. Maintenant fais moi rêver à nouveau, c’est vrai que l’on n’est qu’en avril et que Noël est encore loin. J’ai donc tout loisir de redevenir un môme, les yeux émerveillés, le temps de quelques séances que tu ne louperas sous aucun prétexte. Et pour t'encourager saches dès à présent que tu vas me manquer...

 

Mercredi 15 avril 2009, je rentre de Nantes après 12 jours de déplacement et là quel régal ! Que de progrès accomplis par ma princesse. Elle a réussi le tour de force de sortir tous les jours, de ne faire qu’un seul petit malaise nocturne, de faire des courses, et j’en passe… Je devrai partir plus souvent en fait, j’ai franchement l’impression qu’un déclic s’est produit et qu’elle se bat vraiment contre ses démons. Le seul revers encore visible, je dois reconquérir ma belle qui se protège tout de même et réintégrer sa bulle. C’est à peine perfectible, mais quand même !

Wouahhh bravo ma puce tu m’épates de jours en jours..

Vendredi 24 avril 2009, mission remplie avec brio : J’ai organisé une journée bien chargée et Carmen s’est promenée comme une grande sur ce parcours à embuches. Réveil avec la traditionnelle sortie des chiens, jusque là rien de neuf, retour au bercail et petit déj sur le pousse, ménage et pause séparée avant le coup de grâce. 13h00 rendez-vous chez le coiffeur (juste en face de chez nous) 1h30 au total et je l’ai surveillée du coin de l’œil, guettant le moindre signe de panique nécessitant ma présence. Grand moment digne de vidéo gag, lorsque je vois Carmen me faire signe qu’elle avait marché sur une crotte de chien et qu’elle venait de se rendre compte que cette dernière se détachait de sa chaussure en plein salon. Engoncée dans sa tunique blanche une serviette sur les cheveux, elle ne pouvait sortir et je la voyais gênée, j’ai bien cru que je n’arriverais pas à garder mon sérieux. Cela s’est terminé par un coup de balai très digne d’une employée sans commentaire…Droite dans ses escarpins bien cirés quoique crottés, elle est sortie fière d’elle et jolie comme un cœur, heureuse du résultat et surtout de ne pas avoir succombée à la panique. Mais ce n’est pas tout, retour maison pour un peu de repos avant le restaurant du soir (la aussi juste à coté de la maison), 19h30 à 22h45 dans une toute petite salle avec juste trois autres tables qui se sont remplies rapidement. Et pour la première fois, je ne l’ai pas entendue demander à être aux cotés de la porte de sortie. Elle est rentrée à la maison juste un peu énervée et volubile, mais quelle journée ! Bravo ma princesse, tu avances doucement mais surement. Reste à gérer les nuits et ça c’est une autre histoire, mais demain sera un autre jour…

Mardi 12 mai  2009, je rentre de Paris après 11 jours sur la foire et découvre Carmen transformée.  Pour la première fois en 6 ans 1/2, elle ne me laisse pas à la porte de sa bulle en attendant que je franchise son sas de tranquillité, un Exploit. Et pour cause, elle prend le taureau par les cornes et veut absolument s’en sortir que  l’on puisse profiter des belles années ensemble. Elle a donc pris rendez-vous chez un psy    pratiquant l’EMDR, (effectivement morte de rire),  c’est l’effet que lui procure cette technique qui agit directement sur le cerveau. Hier soir resto sans aucune appréhension  et ce matin juste après sa séance petit café en ville. Et elle ne décollait plus, quel changement !. Elle est rayonnante et ne se pose presque plus de questions lorsqu’il s’agit de sortir.
 Affaire à suivre, la psy lui a assuré qu’avec 3 voir 4 séances elle devrait en être débarrassé définitivement. Alléluia ! 

Mercredi 13 mai  2009, Carmen s’est couchée, fatiguée, et la tête pleine, j’ai même pensé qu’elle allait me faire un beau malaise en pleine nuit. Et bien non ! elle a mal dormi, mais sans malaise et au réveil ce matin, elle avait juste un peu mal au crâne. J’ai donc immédiatement poussé le bouchon en lui proposant de faire les courses avec moi et de déjeuner à l’extérieur. Aucune excuse, pas un prétexte évoqué si ce n’est qu’elle ne mange pratiquement pas le midi. A ceci près, nous voilà partis, courses au supermarché ou elle gambadait seule dans les rayons sans se préoccuper de savoir ou je me trouvais. Passage au magasin de bricolage et elle se promenait de la même manière. Au restaurant, qu’à cela ne tienne, elle interpelle la serveuse pour connaître le plat qu’elle servait sur une autre table ! et on discute comme si de rien n’était. En sortant du resto, retour dans un autre magasin de bricolage et en attendant l’ouverture, je la vois se diriger vers des gens au fond du parking pour demander du feu….Nous ne sommes pas au 3éme jeudi de novembre, mais je crois bien que la nouvelle Carmen est arrivée. Comme elle me le dit si bien « tu ne m’as jamais connu comme ça», non c’est vrai que je n’ai connu que tes années noires, mais je suis un grand garçon, je n’ai pas peur de te voir sourire, vivre, rigoler, et aller vers les autres qui te faisaient si peur. Alors lâches toi !! 

Je suis parti depuis jeudi et pour la première fois depuis très longtemps, je suis serein et tranquille parce que je sens Carmen changée. Elle a un moral d'enfer et fait des choses insensées que l'on aurait même pas oser imaginer il y a encore quelques semaines. Pour exemple, elle s'invite à une sortie au théatre  que son fils a prévu pour le 21 mai prochain. Hourra ! Décision prise chez lui après avoir accepter pour la première d'aller manger chez eux, seule. Du jamais vu ! j'imagine le plaisir que son fils a dû ressentir...Encore quelques séances et le bout du tunnel devrait apparaître. Quel pied pour elle. Je suis vraiment fière de ce qu'elle réalise en ce moment. Chapeau bas  ma princesse, tu m'épateras toujours.

J'ai commencé la foire de Nancy hier et la mise en place jeudi. Carmen est venue avec moi avec un plaisir réel, elle devrait venir passer la journée de mercredi prochain entièrement, un vrai test pour elle. Mais une fois de plus des petits changements significatifs dans son comportement, jeudi elle prenait plaisir à regarder le paysage (la nature n'en revenait pas mdr...) alors que je l'ai toujours vu dormir pour ne pas s'inquiéter des kilométres. Génial

 

Vendredi 5 juin 2009, ce soir grande veillée mortuaire…. Cette page ne sera plus alimentée à compter de ce jour, paix à son âme ! Il n’y a aucune raison de continuer de coexister alors que Carmen est enfin guérie. Même si elle n’arrive pas à y croire, nous la voyons sortir de son cocon telle une chrysalide. Mon petit papillon va enfin s’envoler pour profiter de la vie et rattraper les 12 années perdues pour rien. Je prendrai plaisir à écrire sur la nouvelle page que je dois mettre en place pour ma princesse qui s’intitulera « Journal d’une ex-agoraphobe ».
Dans cette attente, merci à toutes et tous pour vos témoignages de sympathie, de soutien, nous continuons à faire vivre notre association et ce site afin que tout le monde sache qu’il est possible de sortir de l’agoraphobie. J’ai toujours cru en elle et en sa capacité à s’en sortir un jour, et ce jour est là……. A bientôt pour de nouvelles aventures.

 
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